Nos élèves connaissent bien la versification : compter des syllabes, déterminer la longueur des vers, trouver les rimes, tout cela, ils savent le faire depuis la primaire. Mais aiment-ils la poésie ? Ont-ils goûté au plaisir subtil de transformer le langage pour en faire son langage, et entrer, à la suite du poète, dans un univers unique et personnel ?
C’est le pari que nous avons fait en accueillant Philippe Boero, Seanaboy, de son nom de scène. En trois séances, Philippe Boero a su insuffler un vent de confiance et de liberté dans les 4 classes de 3ème où il est intervenu. Il a invité chaque élève à choisir un thème de son choix et à écrire un poème de 8 vers minimum, pour le slamer 3 séances plus tard devant un jury composé d’adultes du collège. « La poésie est le langage du cœur au cœur » disait notre cher et regretté Christian Bobin. Les élèves et les membres du jury ne s’y sont pas trompés ; les premiers maîtrisant leur stress pour prendre la parole en public, les second accueillant avec surprise et bienveillance les émotions suscitées par les lectures. Beau moment d’écriture, de rencontre et de lecture. La poésie crée du lien et donne du sens. A écouter nos jeunes, leurs aspirations, leurs réflexions, leurs craintes, leurs joies comme leurs peines, on se dit que décidément, non, la poésie n’est pas ringarde, ni morte ! Surtout pas en cours de Français…
Madame Moran